mercoledì, Agosto 13, 2025
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L’Afrique cherche un commerce sans dollars: le cas ethiopien

AGI – L’Éthiopie s’oriente vers la promotion des transactions commerciales extérieures dans des devises autres que le dollar américain, afin de réduire les risques de dépendance au dollar et de renforcer les partenariats internationaux. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Finances, Eyob Tekalign, lors d’une interview accordée à la chaîne éthiopienne EBC. Il a qualifié la stratégie du gouvernement d’ “effort stratégique” visant à renforcer la balance commerciale et à protéger l’économie de la volatilité de la monnaie unique.

M. Tekalign a révélé que l’Éthiopie avait déjà conclu des accords avec les Émirats arabes unis (EAU) pour permettre les échanges bilatéraux en monnaies locales. Des discussions sont en cours avec d’autres partenaires commerciaux afin d’élargir cette initiative. Selon le ministère, l’adoption de monnaies alternatives améliorera l’efficacité des transactions financières, la liquidité monétaire et la compétitivité mondiale de l’Éthiopie. M. Tekalign a souligné la volonté de poursuivre une “résilience économique à long terme”, dans le cadre d’efforts plus larges de diversification des partenariats financiers.

Suite à son adhésion aux BRICS – le bloc de pays émergents formé par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, désormais élargi à dix membres, dont l’Éthiopie –, Addis-Abeba promeut depuis longtemps une politique économique valorisant sa monnaie locale, le birr. Si Donald Trump menace d’imposer des droits de douane de 100 % sur les échanges commerciaux avec les pays BRICS si le groupe insiste à remplacer le dollar américain comme monnaie de réserve ou à créer une nouvelle monnaie commune, la tentative d’affranchissement éthiopienne a trouvé le soutien de Moscou, qui s’est déclaré ouvert aux échanges de devises alternatives.

Le 10 juillet, la Banque centrale russe a inclus le birr éthiopien et onze autres devises dans sa liste de taux de change et a commencé à les accepter officiellement. Dans le cadre des efforts déployés par Moscou pour atténuer l’impact économique des sanctions occidentales imposées au gouvernement de Poutine en raison du conflit en Ukraine, la Russie a officiellement inclus, outre le birr éthiopien, le taka bangladais, le dinar bahreïni, le bolivar bolivien, le peso cubain, le dinar algérien, le rial iranien, le kyat birman, le tougrik mongol, le naira nigérian, le rial omanais et le riyal saoudien.

Parallèlement, fin juin, la Banque nationale d’Éthiopie (NBE) a officiellement ouvert son secteur bancaire aux investisseurs étrangers, franchissant ainsi une étape décisive vers sa libéralisation. Cette décision, tant attendue, marque un tournant historique dans le paysage financier du pays, jusqu’alors strictement réglementé. Selon la directive, les entités étrangères, banques internationales ou investisseurs financiers, pourront désormais opérer en Éthiopie par l’intermédiaire de filiales, de succursales ou de bureaux de représentation détenus en propriété exclusive. “Le secteur bancaire éthiopien est désormais officiellement ouvert à la participation étrangère”, a déclaré la banque centrale dans un communiqué. Cette réforme marque également une étape clé dans le vaste programme de libéralisation économique de l’Éthiopie, promu par le Premier ministre Abiy Ahmed, qui a déjà introduit des mesures similaires dans les secteurs des télécommunications, de la logistique et de la finance. Jusqu’à présent, l’Éthiopie était l’une des dernières grandes économies africaines à interdire aux banques étrangères d’opérer sur son territoire.

La décision de l’Éthiopie s’inscrit dans un contexte plus large où plusieurs États africains recherchent des solutions communes pour renforcer l’intégration économique continentale. Mali, Niger et Burkina Faso – réunis dans l’Alliance des Etats du Sahel – ont plusieurs fois évoqué la possibilité de lancer une monnaie régionale alternative au franc Cfa (monnaie qui a été rattachée dans un premier temps au franc français, depuis 1999 à l’euro), tandis que l’Union africaine promeut l’introduction d’une monnaie unique: provisoirement appelée “Afriq” ou “Afro”, elle serait utilisée au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), le marché unique de l’Afrique.

Pour le moment, ces projets restent néanmoins au stade idéal, alors qu’une expérimentation plus immédiate a été lancée par Afreximbank. L’institution panafricaine a présenté le Système panafricain de paiement et de règlement (Papss), une plateforme qui permet d’accélérer les paiements et d’améliorer les flux commerciaux en monnaies locales. Selon son directeur général, Mike Ogbalu III, la plateforme gagne en popularité auprès des institutions financières et prévoit d’intégrer 500 millions de comptes bancaires de 30 pays d’Afrique d’ici à la fin de 2025. Dans cette logique, Papss a dévoilé le 30 juin dernier sa propre carte bancaire à l’occasion des 32e assemblées annuelles d’Afreximbank qui se sont tenues à Abuja.

 

 

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