AGI – Cinq nouveaux sites africains ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO: le mont Mulanje au Malawi, le paysage culturel de Diy-Gid-Biy au Cameroun, l’île de Tiwai en Sierra Leone, le Parc de la zone humide d’iSimangaliso entre le Mozambique et l’Afrique du Sud et l‘archipel des Bijagos en Guinée-Bissau. Leur inscription a eu lieu lors de la 47ème session du Comité du patrimoine mondial, qui s’est tenue à Paris, au siège de l’organisme des Nations Unies.
Le mont Mulanje au Malawi est vénéré par la population locale comme la demeure des divinités et des esprits sacrés et est connu pour sa flore unique et ses nombreux sentiers de randonnée. Ce bien englobe la chaîne de montagnes, située dans le sud du Malawi, dominée par l’imposant Mont Mulanje, l’un des plus grands inselbergs au monde, et son environnement naturel. Considéré comme un lieu sacré peuplé de dieux, d’esprits et d’ancêtres, le site porte une signification culturelle et spirituelle profonde. Les éléments géologiques et hydrologiques de cette montagne sont intrinsèquement liés aux croyances et aux pratiques culturelles des peuples yao, mang’anja, et lhomwe. Ces communautés ont maintenu le caractère sacré du lieu à travers des rites et des traditions, faisant du mont Mulanje un paysage culturel qui incarne l’harmonie entre spiritualité, culture et nature.
Le paysage culturel de Diy-Gid-Biy, dans les monts Mandara, au nord du Cameroun, comprend des sites archéologiques, agricoles et religieux formés entre le XIIe et le XVIIe siècle. Situé dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, ce bien comprend seize sites archéologiques répartis dans sept villages. Connu sous le nom de Diy-Gid-Biy, qui signifie “Ruine de la demeure du Chef” en langue mafa, ces structures architecturales en pierres sèches ont vraisemblablement été aménagées entre les XIIe et XVIIe siècles. L’identité des constructeurs demeure inconnue, mais la région est habitée par les Mafa depuis le XVe siècle. Le paysage alentour comprend des terrasses agricoles, des habitations, des tombes, des lieux de culte et de nombreuses activités artisanales, illustrant les liens culturels et spirituels durables entre les communautés et leur environnement.
L’île de Tiwai, en Sierra Leone, un habitat naturel unique abritant l’une des plus fortes concentrations de primates au monde, a été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO grâce au travail de longue date du militant local Tommy Garnett et de son organisation. Tiwai, une petite île de seulement 12 kilomètres carrés sur la rivière Moa, fait partie du complexe Gola-Tiwai, qui comprend également le parc national de la forêt tropicale de Gola, et est le premier site sierra-léonais inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. “C’est un joyau de biodiversité, un refuge pour des espèces rares et un modèle de gestion communautaire”, a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. Elle est célèbre pour abriter 11 espèces de primates, dont le chimpanzé occidental, le colobe et le cercopithèque diane, des espèces menacées, ainsi que l’hippopotame nain et l’éléphant de forêt d’Afrique, en déclin rapide. Au milieu des années 1990, pendant la guerre civile en Sierra Leone, l’île était au bord de la destruction : les arbres étaient abattus, c’était un champ de bataille et la faune était menacée par le conflit.
Cependant, grâce à l’engagement de Garnett et de son organisation, l’Ecology Foundation for Africa (EFA), il a été possible de sauver le territoire de la destruction totale: au cours des deux dernières décennies, l’EFA a planté plus de 2 millions d’arbres, dont 500 000 entre 2020 et 2023, et a également investi dans le récit de Tiwai comme un paradis à préserver.
Le Parc de la zone humide d’iSimangaliso – le Parc national de Maputo, au Mozambique, constitue une extension transfrontalière du Parc de la zone humide d’iSimangaliso d’Afrique du Sud, englobe des écosystèmes terrestres, côtiers et marins, et abrite près de 5 000 espèces. Ce site vient compléter les valeurs de conservation d’iSimangaliso, tout en renforçant la protection de la biodiversité à l’échelle de l’écorégion du Maputaland. On y trouve des habitats variés: lacs, lagunes, mangroves et récifs coralliens. Situé dans le point chaud de biodiversité Maputaland-Pondoland-Albany, le parc présente un niveau d’endémisme élevé et des processus naturels encore actifs, et met en lumière une coopération régionale durable en matière de conservation.
Enfin, l’archipel des Bijagos en Guinée-Bissau, composé de 88 îles et îlots couvrant une superficie de 12.950 kilomètres carrés, est connu pour sa riche biodiversité et les traditions préservées des communautés locales. Ces îles abritent l’ethnie des Bijagos, connue pour ses croyances animistes et son lignage matriarcal. Selon l’UNESCO, il abrite des espèces rares telles que les tortues vertes et luth, les lamantins et les dauphins, ainsi que 870 000 espèces différentes d’oiseaux migrateurs. L’îlot de Poilau, l’un des principaux sites de nidification des tortues marines au monde, est particulièrement important. L’archipel comprend également des mangroves et des zones intertidales, qui jouent un rôle clé dans l’écosystème de la région. Environ 30 000 personnes vivent sur les 20 îles de l’archipel, qui constituent un habitat essentiel pour des dizaines de milliers d’espèces. La première tentative d’inscription de l’archipel sur la Liste du patrimoine mondial remonte à 2012, mais à l’époque, la motivation scientifique et la participation locale faisaient défaut. Au fil des ans, des recherches à grande échelle ont été menées et les intérêts de la population ont été pris en compte. L’archipel a été déclaré réserve de biosphère par l’UNESCO en 1996 et il est désormais officiellement inscrit au patrimoine mondial, un nouveau statut qui devrait contribuer à la préservation des écosystèmes et au développement d’un tourisme durable. Il s’agit du premier site bissau-guinéen inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La semaine dernière, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a retiré trois sites se trouvant au Madagascar, en Égypte et en Libye de la Liste du patrimoine mondial en péril. “Le retrait de sites de la Liste du patrimoine mondial en péril est une grande victoire pour tous. Pour les pays et les communautés directement concernés, pour l’Unesco et, plus largement, pour le patrimoine commun de l’humanité. Nous menons un effort particulier pour l’Afrique, tant pour former des experts et faciliter de nouvelles inscriptions, que pour soutenir les stratégies visant à mettre certains sites hors de danger. Ces efforts portent aujourd’hui leurs fruits”, a déclaré Azoulay,en annonçant le retrait de la liste des Forêts tropicales de l’Atsinanana (Madagascar), du site d’Abou Mena (Égypte) et de la Vieille ville de Ghadamès (Libye). Ces dernières années, l’Unesco a déployé des efforts considérables et ciblés pour soutenir ses États membres africains. Depuis 2021, trois sites en République démocratique du Congo, en Ouganda et au Sénégal ont également été retirés de la Liste du patrimoine mondial en péril.